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VIE ET ŒUVRE

rapports présents et futurs. Aussi toutes ses lettres sont-elles pleines du soin attentif de son âme, d’observations de toutes sortes, des questions les plus infimes aux plus élevées. Parfois, attristé par l’incompréhension de la jeune fille, son ton devient amer, sarcastique, mais parfois s’adoucit, et devient caressant et tendre comme celui d’un père à son enfant. Dans sa réponse il exhale sa tristesse, son désespoir, parce qu’il a reconnu combien bas, selon lui, sont les sentiments de l’objet de son amour.

Il se moque très méchamment de son enthousiasme pour les fêtes du couronnement, les bals, les parades, les aides de camp, et termine sa lettre par une phrase artificielle, « des considérations empressées », comme s’il désirait se mettre au diapason de cette malheureuse lettre.

La réponse à cette lettre se fit attendre longtemps. Léon Nikolaievitch s’inquiète, écrit de nouveau, demande pardon et enfin obtient une réponse favorable.

Par ses lettres on voit que la famille de la jeune fille, après le sacre, est retournée à la campagne, qu’il y venait et que leur sympathie réciproque grandissait et se définissait.

On peut penser que déjà, dans l’esprit de Léon Nikolaievitch, si inclin au scepticisme, parut le doute. Il ne veut pas s’adonner aveuglément à ses sentiments, il décide de les soumettre à l’épreuve du temps et de la distance, et il part pour deux mois à Pétersbourg.