Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 2.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
VIE ET ŒUVRE

Dans la lettre à son frère, du 26 mars 1856, il écrit entre autres :

« Je veux partir à l’étranger pour huit mois. Si l’on me donne un congé, je pars ; j’ai écrit cela à Nicolas et veux tâcher de partir avec lui. Si nous pouvions nous arranger pour partir tous les trois ce serait admirable. Si chacun emporte mille roubles, on peut faire un superbe voyage. Écris-moi, je t’en prie. Comment trouves-tu la Tourmente ? Moi j’en suis mécontent, sans plaisanterie. Maintenant j’ai le désir d’écrire beaucoup de choses, mais dans ce maudit Pétersbourg on n’a pas le temps. En tout cas, qu’on me laisse ou non partir à l’étranger, j’ai l’intention de prendre un congé au mois d’avril et d’aller à la campagne. »

Le 12 mai, se trouvant encore à Pétersbourg, il note dans son journal :

« Un moyen efficace pour le vrai bonheur dans la vie, c’est, sans se gêner d’aucune loi, d’étendre tout autour de soi, comme une araignée, toute une toile d’amour et d’y prendre tout ce qui y tombe : une fois une vieille femme, une fois un enfant, une fois une jeune femme, une fois un policier… »

Le Sovremennik, tant au point de vue matériel qu’au point de vue littéraire, satisfaisait peu ses rédacteurs principaux. La cause en devait être l’hostilité individuelle des convictions, des opinions, des habitudes, de l’éducation et du milieu qui trouble toujours une œuvre commune organisée par des intellectuels.