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VIE ET ŒUVRE

Cette tendance de Tolstoï à contredire se voit encore par l’épisode suivant raconté dans les souvenirs de G.-P. Danilevsky.

« Je fis la connaissance de Tolstoï, à Pétersbourg, à la fin des années cinquante, dans la famille d’un sculpteur alors très connu. L’auteur des Récits de Sébastopol venait d’arriver. C’était un officier d’artillerie, jeune, élégant. Son portrait très ressemblant, de cette époque, se trouve dans le groupe photographique de Lévitsky, où avec lui sont présentés Tourgueniev, Gontcharov, Grigorovitch, Ostrovski et Droujinine.

« Le comte L.-N. Tolstoï, comme je me le rappelle maintenant, entra dans le salon du maître de la maison pendant qu’on lisait à haute voix une nouvelle œuvre d’Herzen. Il se plaça sans bruit derrière la chaise du lecteur et attendit la fin de la lecture. D’abord très calme et réservé, puis avec plus de chaleur et de hardiesse, il attaqua Herzen et l’enthousiasme général que provoquaient alors ses œuvres. Et il parla avec tant de franchise et de conviction que, par la suite, je ne revis plus dans cette famille les éditions d’Herzen[1]. »

Nous savons que plus tard Léon Nikolaievitch changea d’avis sur Herzen ; nous en reparlerons en son temps.

Eugène Garchine, dans ses souvenirs de Tour-

  1. G.-P. Danilévsky : Voyage à Iasnaia Poliana, Istoritcheski Viestnik (Messager historique), mars 1886, p. 529.