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VIE ET ŒUVRE

premiers temps de la connaissance de Léon Nikolaievitch avec les littérateurs de Pétersbourg.

« En revenant de Marinskoié à Pétersbourg, je rencontrai le comte L. Tolstoï. Je le connaissais de Moscou, où je m’étais trouvé avec lui chez les Souchkov, quand il portait encore l’uniforme militaire. Il vivait à Pétersbourg, rue des Officiers, au rez-de-chaussée, dans une petite maison dont les fenêtres donnaient juste en face de l’appartement du littérateur M.-L. Mikhailov, que, me semble-t-il, il ne connaît pas. La location d’un appartement à Pétersbourg m’était inexplicable. Dès le premier jour non seulement Pétersbourg lui avait déplu, mais tout ce qui appartenait à Pétersbourg agissait sur lui d’une façon irritante. Ayant apris de lui, le jour de notre rencontre, qu’il était invité à dîner ce jour même à la rédaction du Sovremennik où il ne connaissait personne, bien qu’il ait eu quelques articles publiés là, je consentis volontiers à l’y accompagner. En route je crus nécessaire de le prévenir qu’il ne fallait pas aborder là-bas certaines questions, et surtout qu’il ne fallait pas attaquer G. Sand, que lui n’aimait pas du tout, alors que plusieurs personnes de la rédaction avaient pour elle un culte fanatique.

« Le dîner se passa bien. Tolstoï était assez taciturne, mais à la fin, il ne put se retenir. En entendant les louanges du nouveau roman de G. Sand, il se déclara nettement hostile à l’écrivain, ajoutant que si les héroïnes de ses romans existaient réel-