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VIE ET ŒUVRE

trop de choses qu’on ne peut oublier : Nikolenka et beaucoup d’autres. Venez faire connaissance avec ma femme. Je vous embrasse de tout cœur[1]. »

Le mariage ouvrait à Léon Nikolaievitch une nouvelle phase de sa vie, la vie de famille « encore inconnue et qui promettait le salut », comme il le dit dans ses Confessions. Nous verrons plus tard comment ces espérances se réalisèrent. L’esprit d’analyse n’épargna point ce port salutaire et détruisit aussi cette illusion ; et la puissante Raison le souleva à un degré supérieur. Nous tâcherons dans la suite de jeter un regard sur ce processus mystérieux, autant qu’il nous est accessible de le faire.

Pendant cette période, sauf les œuvres déjà mentionnées, Léon Nikolaievitch écrivit encore : la Tourmente de neige ; le Journal d’un marqueur ; Deux hussards ; le Bonheur conjugal ; Polikouchka ; et il commença la nouvelle Kholstomier.

En lisant la Tourmente de neige, paysage d’hiver, non seulement nous voyons la tourmente elle-même, mais la route couverte de neige, les cochers égarés avec leurs troïkas. On entend tous les bruits de la rafale, et l’on sent une vie quelconque qui s’éteint…

Dans le Journal d’un marqueur est dépeinte une âme pure, douce, humaine, qui sombre dans la débauche de la ville.

Les Deux hussards nous font voir deux généra-

  1. Fet, Mes Souvenirs, 1re partie, p. 405.