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LÉON TOLSTOÏ

l’été. Léon Nikolaievitch allait chaque jour chez eux. Tous dans la maison étaient convaincus que d’un jour à l’autre il demanderait en mariage la fille aînée. Mais, le 17 septembre, le jour de la fête de Sophie Andréievna, Léon Nikolaievitch lui remit une lettre contenant sa déclaration. Elle l’accueillit avec joie. Mais le père était mécontent. Par vieille coutume il ne voulait pas marier la cadette avant l’aînée, et tout d’abord, il refusa. Mais la persévérance de Léon Nikolaievitch et la fermeté de Sophie Andréievna arrachèrent bientôt son consentement.

Dans le journal de Léon Nikolaievitch nous trouvons un reflet très net de ces événements. Après une visite chez les Bers, le 28 avril, il inscrit : « 1o J’ai peur de moi. Si ce n’était que le désir de l’amour et non l’amour même ? Je tâche de ne voir que ses défauts et quand même je l’aime. »

En même temps il sent sa solitude.

« Je me suis levé bien portant, l’esprit particulièrement lucide. J’ai bien travaillé, mais le résultat est piètre. Ensuite j’ai ressenti une tristesse comme je n’en avais pas éprouvé depuis longtemps. Je n’ai pas d’amis. Non, je suis seul. Quand je servais Mammon, j’avais des amis, et quand je sers la vérité je n’en ai plus. »

Enfin le 26 avril il écrit :

« Je suis allé chez les Bers à Prokovskoié, à pied. Là-bas, le calme, la jeunesse… Sonia m’a donné à lire sa nouvelle. Quelle force de vérité et de sim-