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LÉON TOLSTOÏ

s’y rattachant, ne voulut plus y mettre la main.

Tourgueniev, racontant cet événement à Fet, d’après les paroles de Botkine, écrivait :

« Tolstoï a écrit à Botkine qu’à Moscou il a perdu beaucoup au jeu et a demandé à Katkov mille roubles d’avance pour son roman du Caucase. Dieu fasse que cela le ramène dans sa vraie voie. Son Enfance et sa Jeunesse ont paru dans la traduction anglaise, et d’après ce que j’en ai entendu dire, elles plaisent. J’ai demandé à un de mes amis d’écrire là-dessus un article dans la Revue des Deux-Mondes. S’approcher du peuple, c’est nécessaire, mais le flagorner hystériquement comme une femme enceinte, c’est stupide ! »

À cette époque, Léon Nikolaievitch fréquentait assidûment dans la famille du docteur Bers, à qui devaient bientôt l’unir des liens de famille.

« Nous étions encore petites filles, racontait la comtesse Tolstoï à Löwenfeld, quand Tolstoï commença à venir à la maison. Il était déjà très connu comme écrivain et menait joyeuse vie à Moscou. Un jour, Léon Nikolaievitch accourut dans notre chambre et nous raconta gaiement qu’il avait vendu ses Cosaques à Katkov, pour mille roubles. Nous avons trouvé que c’était très peu. Alors il nous avoua que c’était la gêne qui l’y avait contraint. La veille il avait perdu cette somme au billard chinois, et c’était une question d’honneur de payer immédiatement cette dette. Il avait l’intention d’écrire la deuxième partie des Cosaques, mais