Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 2.djvu/288

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
264
LÉON TOLSTOÏ

toutes les circonstances de l’affaire aux personnages influents le connaissant et sur l’appui desquels il pouvait compter : au comte B.-A. Pérovsky, à la comtesse N.-D. Bloudov, etc.. Léon Nikolaievitch demandait essentiellement non la punition de ceux qui l’avaient offensé, mais la réparation de sa bonne renommée aux yeux de ses paysans, et l’assurance que pareille chose ne se répéterait plus.

« Je ne veux pas laisser cette affaire comme ça, et je ne le puis pas, écrivit-il. Toute l’œuvre où je trouvais ma joie et ma satisfaction est gâtée ; ma tante est si malade de frayeur que probablement elle ne s’en remettra pas. Les paysans ne me regardent déjà plus comme un homme honnête, réputation que je m’étais acquise par des années de labeur, mais comme un criminel, un incendiaire ou un faux-monnayeur, qui ne s’en est tiré que par la ruse… « Quoi, mon cher, on t’a pincé !… Assez nous chanter l’honnêteté, la justice… On a failli te coffrer toi-même… » Les propriétaires, il n’y a pas à parler. C’est du délire.

« Après avoir pris conseil de Pérovski ou d’Alexis Tolstoï, ou de qui vous voudrez, écrivez-moi, je vous prie, le plus vite possible, ce que je dois écrire et par qui je dois faire transmettre ma lettre à l’empereur ? Je n’ai pas d’autre choix que de recevoir la satisfaction publique comme l’était l’offense (réparer la chose c’est déjà impossible), ou de m’expatrier, ce à quoi je suis déjà fermement résolu.

« Je n’irai pas chez Herzen. Herzen chez lui et