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LÉON TOLSTOÏ

même vacarme, les grelots, et vont visiter les autres dix-sept écoles du district, renversant les tables, les armoires, saisissant livres et cahiers, arrêtant les maîtres, et sans doute semant dans le milieu ignorant des paysans, déjà pas très bien disposés pour l’école et les études, les suppositions les plus absurdes[1]. »

Le prince D.-D. Obolensky cite également cet épisode dans ses souvenirs, en y ajoutant quelques détails intéressants :

« L’école d’Iasnaïa Poliana marchait admirablement. Mais comme c’étaient des étudiants qui enseignaient, dans les hautes sphères on ne voyait pas cette école d’un bon œil et l’on supposa qu’elle présentait un certain danger au point de vue politique. Un officier de gendarmerie y fut même envoyé, mais il n’y trouva rien, car il n’y avait rien à trouver. Dans une des chambres de la maison d’Iasnaia Poliana transformée en école, l’attention de l’officier de gendarmerie fut attirée par un appareil photographique. En 1862, c’était une vraie rareté ; surtout en province, à la campagne. — « Qu’est-ce que c’est ? » demande sévèrement l’officier. « Que photographie-t-on ici ? »

« Les étudiants, comme de juste, n’étaient pas contents de cet hôte imposé, et un plaisant répondit vivement :

  1. E. Markov : L’Âme vivante à l’école. Pensées et souvenirs d’un vieux pédagogue. Vestnik Evropi (Messager de l’Europe), février 1900, p. 584.