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VIE ET ŒUVRE

vivaient sa vieille tante et sa sœur Marie. Moi et notre ami commun G.-A. Auerbach passions cet été avec nos familles, à cinq verstes d’Iasnaïa Polania, où nous avions loué la maison d’un propriétaire, dans cette même Malinovaia Zasséka, où se trouve aussi Iasnaïa Poliana.

« Un jour, à six heures du matin, nous voyons arriver chez nous quelqu’un d’Iasnaïa Poliana. On nous demandait de venir au plus vite pour une affaire très importante. Moi et Auerbach nous montons dans le char-à-bancs et partons à toutes brides. En entrant dans la cour nous aperçûmes une invasion entière ! Les troïkas de poste avec leurs grelots, les chariots des paysans, l’inspecteur de police, les agents, les témoins, et pour comble les gendarmes. Le colonel de gendarmerie était en tête de cette expédition effrayante, qui aux sons des clochettes envahit d’un coup, avec bruit et fracas, la maison paisible de Léon Nikolaievitch, au grand étonnement des paysans. À peine si on nous laissa pénétrer dans la maison. Les pauvres dames étaient presque évanouies. Partout les gardiens, tout est ouvert, visité, tout est mis sens dessus-dessous : tiroirs de tables, armoires, coffres, commodes. Dans l’écurie, avec un levier on soulève les dalles, dans les étangs du parc on plonge un filet afin de trouver les machines criminelles, au lieu de quoi on attrape d’innocents brochets et écrevisses. Inutile de dire que la malheureuse école est mise à l’envers. Mais n’ayant rien trouvé, tous repartent, avec le