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LÉON TOLSTOÏ

a un cachet particulier, très russe ; les souvenirs du passé historique de ce fleuve et des pays qu’il arrose, tout cela remplit le voyageur de sentiments joyeux, attendris et provoque des pensées profondes.

C’est probablement ce qu’éprouvait Léon Nikolaievitch, car le 29 mai il inscrit dans son journal :

« Sur le bateau, il me semblait revenir à la vie et à la conscience. Je suis obsédé par l’idée de l’ineptie du progrès, avec un intelligent ou un sot, un vieillard ou un enfant, j’aborde le même sujet. »

En route, Léon Nikolaievitch s’arrêta à Kazan, chez son parent V.-I. Uchkov ; puis, arrivé à Samara, il écrit à sa tante :

« 27 mai 1862.

« Aujourd’hui je quitte Samara et pars à cent trente verstes d’ici, à Karalik, du district de Nikolaievsk. Mon adresse à Samara : chez Uri Féodorovitch Samarine, pour L.-N. Tolstoï.

« J’ai fait un excellent voyage, le pays me plaît beaucoup. Je me porte beaucoup mieux, c’est-à-dire je tousse moins. Alexis et les enfants sont en vie et bien portants, ce que vous pouvez dire à leurs parents. Je vous prie, écrivez-moi ce que devient Serge ou qu’il m’écrive lui-même. À tous mes chers camarades le salut, et je leur demande de m’écrire ce qui se passe chez eux. V.-I. Uchkov est encore un fort gaillard. Aussitôt sur place j’écrirai plus en détail.

« Je baise vos mains. »