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VIE ET ŒUVRE

nous les gentilshommes, les paysans, les marchands, le clergé.

« Le sceptique Siomka, — Est-ce que là-bas cela n’existe pas ?

« Le maître. — Dans certains pays, cela existe ; dans d’autres, non. Chez nous, c’est le roi russe ; chez le peuple allemand, un autre roi, Allemand.

« Cette réponse satisfait tous les élèves, même le sceptique Siomka.

« Le maître, voyant la nécessité de passer à l’explication des classes, demande quelles classes les élèves connaissent. Ils se mettent à dire : « Les gentilshommes, les paysans, les prêtres, les soldats. »

— « Et encore ? » demande un élève. — « Les domestiques, les bourgeois, les chaudronniers. » Le maître interroge sur la différence de ces classes.

« Les élèves. — Les paysans labourent, les domestiques servent les maîtres, les marchands font le commerce, les soldats leur service, les chaudronniers font des samovars, les prêtres disent la messe, les gentilshommes ne font rien[1].

« La leçon dure deux heures. Le maître est persuadé que les enfants ont beaucoup retenu, et il continue de la sorte aux leçons suivantes. Et ce n’est que plus tard qu’il s’aperçoit que tous ces procédés n’étaient pas sûrs et que tout ce qu’il a fait n’a pas de sens[2]. »

  1. Œuvres complètes du comte L.-N. Tolstoï. L’École de Iasnaïa Poliana en novembre et décembre, tome xiii, pp. 439-442.
  2. Id., p. 445.