Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 2.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
LÉON TOLSTOÏ

apprend-on à chanter ? Souvent je me demande pourquoi l’on chante »…

« Ce m’est étrange de me rappeler ce que nous avons dit alors. Mais il me semble que nous avons dit tout ce qu’on peut dire de l’utile, du beau et du bien[1]. »

Celui qui écrit ces lignes, comme Fedka qui, enthousiasmé, tenait le doigt de Tolstoï, a eu le rare bonheur de se promener plusieurs fois avec Tolstoï, dans ce même petit bois. En l’écoutant parler, j’ai éprouvé des sentiments qu’on ne peut mieux exprimer que par les paroles de Fedka : « Eh bien, encore, encore, voilà, c’est bien ! »

2o La narration.

« Une fois, l’hiver dernier, après le dîner, je lus longtemps le livre de Snéguirev (Recueil de proverbes russes), et, le livre à la main, je me rendis à l’école. C’était la classe de langue russe.

« — Eh bien ! Faites une narration sur un proverbe, dis-je.

« Les meilleurs élèves, Fedka, Siomka et les autres dressèrent l’oreille.

« — Comment sur un proverbe ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Dites-le nous ? » plurent les questions.

« J’ouvris le livre et tombai sur le proverbe : Il nourrit avec la cuiller et pique les yeux avec le manche.

  1. Œuvres complètes du comte L.-N. Tolstoï, éditeur P.-V Stock : L’École de Iasnaïa Poliana en novembre et décembre, tome xiii, pp. 341, 345, 347.