faisant des glissades, se dirigeant vers leurs demeures : les cadets avaient commencé leurs classes avec le nouveau maître et, par conséquent, entre eux et moi il n’y avait pas cette confiance qui existait entre moi et les aînés.
— « Eh bien ! Allons dans le bois » (un petit bois à deux cents pas de la maison), me dit l’un d’eux. C’était Fedka, un garçon de dix ans, une nature tendre, poétique et hardie, qui le demandait le plus fort. Le danger semble être pour lui la condition essentielle du plaisir…
« Il savait qu’il y avait des loups dans le bois, c’est pourquoi il voulait y aller. Les autres l’appuyèrent, et à quatre nous y partîmes. Un garçon de douze ans, très fort, physiquement et moralement, Siomka, qui avait reçu le sobriquet de Vavilo, passait devant et interpellait quelqu’un en criant d’une voix aiguë. Pronka, un enfant délicat, doux, très doué, d’une famille très pauvre, qui était maladif, surtout par manque de nourriture, marchait à côté de moi. Fedka était entre moi et Siomka et parlait tout le temps, d’une voix particulièrement douce : tantôt racontant comment, pendant l’été, il avait gardé les chevaux, tantôt, disant qu’il n’y a rien d’effrayant, ou interrogeant : — « — Et si quelqu’un bondit ? » et il exigeait de moi une réponse. Nous n’entrâmes point en plein bois, c’eût été trop sinistre. Mais même à la lisière du bois il faisait sombre, le sentier se voyait à peine, les feux du village disparaissaient.