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LÉON TOLSTOÏ

trouve très satisfaisants les systèmes pédagogiques contemporains. Quant à la pratique de l’école d’Iasnaia Poliana il en est enthousiasmé, et la trouve en contradiction avec les théories de son fondateur L.-N. Tolstoï.

Tolstoï, dans sa réponse à Markov, où il répète et commente ce qu’il a déjà dit dans de précédents articles, arrive à cette conclusion que son désaccord principal avec Markov tient à ce que Markov croit au progrès, tandis que lui n’a pas cette foi.

Et, expliquant sa négation du progrès, il dit :

« Dans toute l’humanité, de temps immémorial, on constate le progrès, dit l’historien qui croit au progrès, et il tâche de prouver cette proposition en comparant, par exemple, l’Angleterre de 1685 à l’Angleterre actuelle. Mais, si même on comparaît la Russie, la France et l’Italie contemporaines avec la Rome antique, la Grèce, Carthage, si l’on pouvait prouver que le bien-être des peuples nouveaux est plus grand que celui des peuples anciens, je n’en serais pas moins frappé de ce phénomène incompréhensible. On tire une loi générale pour toute l’humanité de la comparaison d’une petite partie de l’humanité, en Europe, dans son passé et son présent. Le progrès est la loi générale de l’humanité, disent-ils, seulement cela ne s’applique pas à l’Asie, à l’Afrique, à l’Amérique, à l’Australie, c’est-à-dire à un milliard d’hommes.

« Nous avons observé la loi du progrès dans le grand-duché de Hohenzollern-Sigmaringen, qui a