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VIE ET ŒUVRE

dans cent ans, la pensée que j’exprime maintenant, peut-être d’une façon peu claire, malhabile, peu convaincante, deviendra un lieu commun. C’est à peine si, dans cent ans, auront vécu les établissements existants : écoles, lycées, universités, cependant qu’apparaîtront les institutions qui se formeront librement et auront pour base la liberté de la génération à instruire[1]. »

Naturellement des idées aussi hardies ne pouvaient être acceptées des pédagogues qui, aux années soixante, guidaient en Russie l’instruction du peuple et la société.

La science offensée ne daigna même pas leur opposer d’objections sérieuses. Dans le Recueil de la littérature critique sur Tolstoï, de M. Zélinsky, composé avec beaucoup de soin, nous ne trouvons que deux articles sérieux consacrés à la revue Iasnaia Poliana et à l’école d’Iasnaia Poliana, et qui parurent dans le Sovremenniky en 1862[2].

À l’un de ces articles, de M. E. Markov, Tolstoï répondit, dans sa revue, par l’article : le Progrès et la définition de l’instruction.

L’objection principale de Markov, résumée à la fin de son article, c’est que lui, Markov, reconnaît à la société le droit de contrainte pédagogique et, par conséquent, nie l’instruction libre. Ensuite il

  1. Ib., pp. 211-212.
  2. Ce n’est que dans les années soixante-dix et quatre-vingt, lors du renouvellement de l’activité pédagogique de Tolstoï, qu’on a commencé à en parler, et la discussion sur ses théories continue jusqu’à présent. P. B.