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LÉON TOLSTOÏ

nité a besoin, mais des hommes dont a besoin la société dépravée[1]. »

À la question ainsi posée, Tolstoï prévoit l’objection timide des hommes qui ont peur du changement, et il répond lui-même à cette objection, puis conclut ainsi son article :

«… Mais que devons-nous faire ? N’y aura-t-il plus d’écoles dans les villes, plus de lycées, plus de classes d’histoire du droit romain ? Que deviendra l’humanité ? objecte-t-on. Oui, cela n’existera pas si les élèves n’en ont pas besoin et si nous ne pouvons le rendre intéressant.

« Mais les enfants ne savent pas toujours ce qu’il leur faut, ils se trompent…, etc.…

« Je n’entre pas dans une pareille discussion qui nous amènerait à la question : la nature humaine a-t-elle raison devant le jugement de l’homme ? etc.

« Je ne le sais pas et ne me place pas sur ce terrain. Je dis seulement que si nous ne pouvons savoir ce qu’il nous faut apprendre, alors ne m’empêchez pas d’apprendre par force aux enfants russes la langue française, la généalogie du moyen âge, et l’art de voler. Je prouverai tout comme vous. « Alors il n’y aura pas de lycées, ni de latin ! que ferons-nous donc ? » entends-je de nouveau.

« N’ayez pas peur, il y aura le latin et la rhétorique ; ils existeront encore des centaines d’années, du fait seul que la potion est achetée et qu’il faut la boire (comme disait un malade). C’est à peine si,

  1. Ib., pp. 192-193.