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VIE ET ŒUVRE

et pour moi-même et pour mes idées, élaborées en moi durant des années et que je considère comme justes. Je suis sûr d’avance que nombre de ces idées paraîtront erronées. J’ai eu beau donner tous mes efforts à l’étude du sujet, je n’ai pu le regarder que d’un seul côté.

« J’espère que mes idées, une fois exprimées, soulèveront des opinions contraires. Toutes les opinions trouveront un accueil cordial dans les pages de ma revue. J’ai peur seulement que ces opinions ne soient exprimées d’une façon agressive, que la discussion d’un sujet aussi important et aussi cher à tous qu’est l’instruction publique ne se transforme en des moqueries, des personnalités et en une polémique de journal. Je ne dirai pas que les moqueries et les blessures n’ont pas prise sur moi. Au contraire, j’avoue que j’en ai peur pour moi-même autant que pour mon œuvre. J’ai peur d’être entraîné dans une polémique d’un caractère personnel, au lieu de continuer un travail calme et persévérant dans l’œuvre entreprise.

« C’est à cause de cela que je demande à tous les adversaires futurs de mes opinions d’exprimer leurs pensées de telle manière que je puisse donner des explications et développer mes arguments là où le désaccord sera causé par une obscurité quelconque, et que je puisse céder là où le caractère erroné de mes opinions sera bien prouvé.

« Comte Léon Tolstoï. »