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VIE ET ŒUVRE

« Le comte se signa et dit :

« — Comme Dieu est saint, je vous jure que je ne puis vous aider. »

« Mais comme malgré cela les paysars répétaient toujours leur : « Fais d’une façon quelconque, petit père ; aie pitié de nous… » le comte se retourna avec colère vers l’intendant et lui dit : « On peut être Amphion, remuer les montagnes et les forêts, plutôt que de convaincre les paysans. »

« Pendant toute notre conversation, qui dura plus d’une heure, dit le narrateur, le comte se montra la personnification de la patience et de la bonté. L’entêtement des paysans ne lui arracha pas un seul mot blessant[1]. »


À cette même époque se rapportent aussi les souvenirs de l’ami et parent de Tolstoï, le prince D.-D. Obolensky.

« En 1861, à Toula, eurent lieu les nouvelles élections, et l’on donna un grand dîner en l’honneur des arbitres territoriaux qui se trouvaient là. Et dans cette même salle, où récemment s’étaient querellés Volotzkoï et le prince Tcherkasky, qui même durent se battre à cause de la question des paysans, Volotzkoï, le premier, exprima son regret au prince Tcherkasky, son camarade de service et aussi arbitre territorial… Ce dîner m’est très mémorable. Mon oncle, J.-A. Raievsky, doyen, présidait. Quelques propriétaires, moi de ce nombre,

  1. Le Comte L.-N. Tolstoï. Sa vie et ses œuvres. Löwenfeld, p. 228.