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LÉON TOLSTOÏ

caractère de L.-N. Tolstoï, qui, dans toutes les affaires dont les documents sont cités, apparaît comme un vrai défenseur du peuple contre l’abus brutal des propriétaires et de la police, et ces données font penser que les craintes des maréchaux de la noblesse n’étaient pas sans fondement.

Des quinze dossiers cités dans cette publication, nous choisissons les plus caractéristiques.

Une propriétaire, Mme Artukhov, s’était plainte d’un ancien domestique, Marc Grégoriev, qui l’avait quittée, se considérant comme homme « absolument libre ».

Tolstoï, entre autres, écrit à la propriétaire :

« Par mon ordre, Marc s’en ira immédiatement, avec sa femme, où il lui plaira. Quant à vous, j’ai l’honneur de vous demander : 1o de lui payer le salaire des trois mois et demi qu’il a servi illégalement chez vous depuis la promulgation de l’acte d’émancipation ; 2o de le dédommager pour les coups donnés à sa femme, et qui sont encore plus illégaux. Si ma décision ne vous satisfait pas, vous avez le droit de vous plaindre à l’Assemblée des arbitres territoriaux, et à la chancellerie des Domaines. Tant qu’à moi, je n’écrirai rien de plus à ce sujet. Veuillez agréer, etc.

« Comte L. Tolstoï. »

La propriétaire porta plainte à l’assemblée, et comme elle était composée d’arbitres territoriaux auxquels ne plaisait pas l’activité de Tolstoï,