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VIE ET ŒUVRE

Ces paroles aussitôt prononcées, il bondit de la table, et, se prenant la tête à deux mains, tout ému, passa dans l’autre chambre.

Il revint une seconde après et, s’adressant à Mme Fet : « Au nom de Dieu, dit-il, excusez mon acte monstrueux que je regrette profondément. » Et de nouveau, il sortit.

Aussitôt après, les invités prirent congé de leurs hôtes.

Tolstoï, en arrivant au premier relais, Novosiolky, propriété de P.-N. Borissov, écrivit une lettre à Tourgueniev. Dans cette lettre il demandait à Tourgueniev une réparation. Ensuite, plus loin, au relais de Bogouslav, sis à mi-chemin entre la propriété de Fet et celle de Tolstoï, Nikolskoié, il envoya chercher à Nikolskoié des pistolets et des balles, et, sans attendre la réponse à sa première lettre, il écrivit une seconde missive à Tourgueniev, où, cette fois, il le provoquait.

Dans cette lettre il écrivait à Tourgueniev qu’il ne voulait pas se battre de la façon ordinaire, c’est-à-dire que deux littérateurs viennent accompagnés d’un troisième, avec des pistolets, et que le duel se termine par le champagne, mais qu’il désirait se battre sérieusement. Et il demandait à Tourgueniev de se rendre à Bogouslav, à la lisière de la forêt, avec des fusils. Toute cette nuit, Léon Nikolaievitch ne dormit point, attendant la réponse. Enfin arriva la réponse de Tourgueniev à sa première lettre. Il écrivait :