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LÉON TOLSTOÏ

cole, quand j’en entends parler et que j’y pense, je me sens un peu fier d’y avoir contribué. Ce n’est pas à moi de parler et à vous d’écouter. L’ami c’est bien, mais il mourra, il s’en ira quelque part et on n’aura pas le temps de le suivre, tandis que la nature avec laquelle on s’est uni par l’acte de vente ou qu’on possède par héritage, c’est encore mieux. Ma nature à moi est froide, rebutante, exigeante, encombrante, mais c’est un ami qu’on gardera jusqu’à la mort, et quand on mourra on y entrera.

« D’ailleurs, maintenant, je me donne moins à cet ami, je suis entraîné par d’autres affaires. Dieu fasse que vous réussissiez et que les succès à Stepanovka vous réjouissent. Que vous écrivez et écrirez encore, je n’en doute pas.

« Je serre la main de Marie Pétrovna et lui demande de ne pas m’oublier. Il faudra un malheur quelconque pour m’empêcher de venir chez vous cet été, mais quand, je n’en sais rien. »

« Malgré ses aimables promesses, raconte Fet dans ses Souvenirs, la voiture qui se montra au tournant du bois, prenant rapidement la direction de notre perron, fut pour nous une surprise. Nous avions un grand plaisir à embrasser Tourgueniev et Tolstoï. Les bâtiments des servitudes étaient alors si peu nombreux qu’il n’y avait rien d’étonnant à cette exclamation que fit Tourgueniev en ouvrant ses énormes mains : « Nous regardons partout, nous demandant où est Stépanovka, et il