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VIE ET ŒUVRE

donc quel plan vous adoptez pour l’enseignement de l’histoire ?

« Je m’étais tracé moi-même un plan pour l’enseignement de l’histoire, et l’exposai devant le visiteur que je prenais pour un maître d’école étranger. Il tira de sa poche un carnet et se mit à y inscrire quelque chose très rapidement.

« Tout d’un coup il dit :

« — Dans ce plan si travaillé, une chose me semble manquer : l’étude du pays.

« — Non, ce n’est pas un oubli. Cette étude sera faite dans la classe suivante.

« Je devais commencer ma leçon et me mis à parler des quatre âges de la civilisation. L’étranger continuait à prendre des notes.

« Quand la leçon fut finie, il demanda :

« — Et qu’allez-vous faire maintenant ?

« — La langue allemande. À dire vrai, j’allais commencer la lecture, mais si vous préférez autre chose, on peut changer.

« — Je vous en remercie. Voyez-vous, j’ai beaucoup réfléchi comment rendre plus libre le courant de la pensée. (En allemand, littéralement, faire les pensées courantes, flüssig.)

« Je n’oublierai jamais cette expression. Je tâchai de satisfaire son désir et donnai aux élèves un petit devoir :

« Je nommais un objet quelconque et les élèves devaient écrire sur leur cahier une lettre sur cet objet. L’étranger parut s’intéresser vivement à cet