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LÉON TOLSTOÏ

faut. Je dis, peu s’en faut, parce que j’exclus la capacité mécanique de former des caractères et de composer des mots : l’unique science acquise par une étude de cinq à six années[1]. »

En janvier 1861, Tolstoï était déjà à Paris. Comme partout il tâchait d’y observer les mœurs de la vie.

« Quand j’étais à Paris, raconta-t-il à Skyler, je passais ordinairement la moitié du temps dans les omnibus, m’amusant tout simplement à observer le peuple, et je puis vous affirmer que j’ai trouvé chacun des voyageurs dans un des romans de Paul de Kock. »

Dans sa conversation avec Skyler, Léon Nikolaievitch nie absolument la soi-disant immoralité de Paul de Kock.

« Je prise fort les romans d’Alexandre Dumas et de Paul de Kock », disait-il. À l’étonnement que laissa voir Skyler, il poursuivit : « Ne me répétez pas cette insanité que Paul de Kock est immoral ; selon la conception anglaise, il est un peu inconvenant, leste et gaulois, mais il n’est pas immoral. Quoi qu’il écrive dans ses livres et malgré ses petites plaisanteries polissonnes, son œuvre est tout à fait morale. C’est un Dickens français. Tous ses types sont pris sur le vif et sont aussi parfaits. Et quant à Dumas, chaque romancier devrait le porter dans son cœur. L’intrigue chez lui est merveilleuse, sans

  1. Œuvres complètes du comte L.-N. Tolstoï. P.-V. Stock, éditeur, tome xiii, pp. 26-30.