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VIE ET ŒUVRE

Tolstoï, Marie Nikolaievna, d’un épisode de la vie de Léon Nikolaievitch à Hyères.

« Léon Nikolaievitch se fit toujours remarquer par une originalité touchant parfois à l’absurde.

« Nous vivions à Hyères, après la mort de notre frère. Léon Nikolaievitch était alors très connu, et la société russe d’Hyères et des envivons le recherchait beaucoup.

« Une fois, nous fûmes invités à la soirée de la princesse Dondoukov-Korsakov. Chez elle se réunissait toute la haute société, et le clou de cette soirée devait être Léon Nikolaievitch. L’heure s’avançait, il ne venait pas. La compagnie commençait déjà à s’attrister. La maîtresse de la maison avait épuisé tous les sujets pour distraire ses invités, et avec tristesse songeait à sa soirée manquée. Mais enfin, déjà tard, on annonça le comte Tolstoï. La maîtresse de la maison et ses hôtes s’en réjouirent, mais quel ne fut pas leur étonnement quand, dans le salon, entra Léon Nikolaievitch en costume d’excursion et chaussé de sabots de bois. Il avait fait une longue promenade et, sans rentrer chez lui, était venu directement à la soirée. Il se mit à convaincre tout le monde que les sabots de bois c’est la chaussure la meilleure, la plus commode et conseilla à tous d’en porter. Mais, déjà, on lui pardonnait tout, et la soirée, à cause de cela, devint encore plus intéressante. Léon Nikolaievitch était très animé. On chanta beaucoup et on le priait d’accompagner. »