« — Mais, qu’écrire, oncle ? insistait Lise.
« — Voilà, écoutez. Je vous donnerai un sujet.
« — Qu’est-ce que tu nous donneras ? continuait Lise.
« — Un sujet, répéta fermement Léon Nikolaievitch. Écrivez :
« Qu’est-ce qui distingue la Russie des autres pays ? «
« Écrivez devant moi, et ne copiez pas l’un sur l’autre. Vous entendez ! ajouta-t-il d’un air sérieux.
« Et nous nous mîmes à écrire, comme on dit à qui mieux mieux. Nicolas avait beau pencher sa tête de côté, toutes ses lignes grimpaient du côté droit du papier.
« Il souffle, il souffle, poussant avec son nez des sons indéfinissables, mais rien n’aide le malheureux. Et cependant Léon Nikolaievitch nous défendait absolument d’écrire sur les lignes tracées, disant que c’est une gâterie. « Il faut s’habituer à écrire sans cela », disait-il.
« Pendant que nous exposions ainsi nos idées, la comtesse et ma mère étaient assises sur le divan et lisaient à mi-voix un nouvel ouvrage quelconque de la littérature française et le comte Léon Nikolaievitch marchait d’un bout à l’autre de la chambre, ce qui provoquait parfois une exclamation de la comtesse, nerveuse.
« — Qu’as-tu, Léon, à marcher comme un balancier ? Tu ferais mieux de t’asseoir. »
« Une demi-heure après, nos « compositions »