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VIE ET ŒUVRE

Dans cet intervalle le malade N.-N. Tolstoï a écrit à Fet, le 19 juillet :

« Je vous aurais écrit depuis longtemps, mes chers amis, mais je voulais vous parler de tous ceux qui composent maintenant notre colonie des Tolstoï. Mais il s’est produit ici un terrible imbroglio, qui enfin s’est résolu de la façon suivante : Ma sœur, avec ses enfants, est venue à Soden ; elle y séjournera et s’y soignera.

« L’oncle Léon reste à Kissingen, à cinq heures de Soden, et ne vient pas à Soden, de sorte que je ne l’ai pas vu. Je lui ai expédié votre lettre par Serge qui s’arrête à Kissingen en retournant en Russie. Il sera prochainement chez vous, et vous racontera tout en détail. Excusez-moi, cher Afanassi Afanassievitch, d’avoir lu votre lettre à mon frère. Elle contient beaucoup de vérités, quand vous parlez de choses générales ; mais où vous parlez de vous-même, vous n’avez pas raison.

« C’est toujours le même défaut, le manque de pratique. On ne se connaît pas soi-même, ni rien autour de soi. Mais ce ne sont pas les dieux qui fabriquent les pots. Jetez-vous dans la vie pratique, plongez-y la tête et je suis sûr qu’elle chassera de vous le paresseux et extraira de vous encore un morceau lyrique quelconque, que nous, Tourgueniev et encore quelques autres, lirons avec plaisir. Et quant au reste il faut s’en moquer ! Si je vous aime, cher Afanassi Afanassievitch, c’est que vous êtes tout vérité. Tout ce qui est en vous est sans