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VIE ET ŒUVRE

Real. C’est probablement à cette époque qu’il lut aussi Herzen, puisque dans son journal nous trouvons la courte note suivante :

« Herzen est un esprit changeant ; un amour-propre maladif, mais l’ampleur, l’habileté, la beauté, toutes russes. »

À Kissingen, Tolstoï fait la connaissance du sociologue allemand Froebel, auteur du « Système de la politique sociale » et neveu du pédagogue, organisateur des Jardins d’enfants. D’après les récits de Froebel, Tolstoï l’étonna par la rudesse de ses opinions, absolument nouvelles pour le savant allemand, et qui le frappèrent par leur désaccord avec « son système ».

« Le progrès, en Russie, disait Tolstoï, doit sortir de l’instruction du peuple qui donnera chez nous de meilleurs résultats qu’en Allemagne, parce que le peuple russe n’est pas encore gâté, tandis que les Allemands ressemblent à un enfant qui, pendant quelques années, a été soumis à une éducation fausse. » Il parle alors à tous de son école qu’il a installée dans son propre domaine, et qu’il dirige personnellement.

L’instruction populaire, selon lui, ne doit pas être obligatoire. Si c’est un bien, son besoin doit se faire sentir, comme le besoin de nourriture qui est provoqué par la faim.

Avec animation il expose son opinion sur la propriété communale des paysans, et dans l’artel il voit l’avenir de l’état social. Froebel souriait sou-