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VIE ET ŒUVRE

« — C’est à cet écrivain que je dois d’avoir ouvert une école pour mes paysans et de m’être intéressé à l’instruction du peuple. Au cours de mon second voyage en Europe, j’allai voir Auerbach, sans me nommer. Quand il entra dans la pièce où j’étais je dis seulement : « Je suis Eugène Baumann »[1], et le voyant gêné je me hâtai d’ajouter : « Non par le nom, mais par le caractère. » Et alors je lui dis qui j’étais et comment ses œuvres m’avaient forcé à penser et quelle bonne influence elles avaient eue sur moi.

« Un hasard, continue Skyler, m’amena l’hiver suivant à Berlin où je passai quelques jours. Dans la maison hospitalière de l’Ambassadeur des États-Unis, Bankroft, j’eus le plaisir de rencontrer Auerbach, de qui, durant mon séjour là-bas, je fis la connaissance assez intime. En parlant de la Russie, nous causâmes de Tolstoï et je lui rappelai ce cas.

« — Oui, dit-il, je me souviens encore combien je fus effrayé quand ce Monsieur à l’air étrange m’annonça qu’il était Eugène Baumann ; je craignais qu’il ne me poursuivît pour diffamation ou calomnie[2]. »

La visite des écoles saxonnes ne satisfit pas Léon Nikolaievitch.

Dans ses notes de voyage nous trouvons la brève caractéristique suivante de ces écoles :

  1. Nom du héros d’une nouvelle d’Auerbach.
  2. Eugène Skyler. Souvenirs sur L.-N. Tolstoï. Rousskaia Starina (l’Antiquité russe), octobre 1890, p. 261.