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LÉON TOLSTOÏ

n’est pas un bavardage en l’air, mais la conclusion à laquelle je suis arrivé à mes dépens. Qui vous dira le contraire est un menteur ou un ignorant. Même avec 15 déciatines, il faut déployer une activité qui absorbe tout. Mais alors on peut en avoir une agréable récompense, mais avec 90 déciatines, c’est un travail de cheval de poste, et on ne peut avoir aucun succès. Je ne trouve pas de mots pour m’injurier de ne pas vous avoir écrit tout cela auparavant, alors sûrement vous viendriez.

« Maintenant, au revoir. Mon salut cordial à Marie Petrovna et à Borissov[1]. »

À cette époque l’activité littéraire de Léon Nikolaievitch et de son ami Fet, qui reflétait faiblement mais très régulièrement le processus de la vie intérieure de Tolstoï, traverse une période de calme. Droujinine, leur ami intime, directeur de la revue « La Bibliothèque de lecture », écrit à chacun d’eux, les exhortant de ne pas abandonner leurs travaux littéraires.

Il écrit à Tolstoï :

« Je me hâte de répondre à votre lettre, cher ami Léon Nikolaievitch, et, comme vous le devinez sans doute, c’est à propos de ce que vous m’écrivez de votre façon d’envisager la littérature. Chaque écrivain éprouve des moments de doute et de mécontentement de soi-même, et quelque forts et légitimes que soient ces sentiments, jusqu’à présent nul n’a

  1. Fet, Mes Souvenirs, 1re partie, p. 329.