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LÉON TOLSTOÏ

L’air ici est très doux, comme il n’est jamais nulle part en Russie[1]. »

Léon Nikolaievitch était alors très inquiet de la maladie de son frère, car à cette époque se rapporte la lettre suivante à Fet, dans laquelle, sauf ce qui concerne son frère, il exprime quelques considérations très intéressantes sur l’exploitation agricole.

« Non seulement je ne me suis pas réjoui et n’ai pas été fier de votre lettre, cher Afanassi Afanassievitch, mais si je l’avais crue je me serais beaucoup attristé. C’est sans phrase. Vous êtes un écrivain, et seulement un écrivain, et que Dieu vous aide. Mais qu’en plus vous vouliez trouver une place et y fouiller comme une fourmi, cette idée, non seulement devait vous venir en tête, mais vous devez la réaliser mieux que moi. Vous devez le faire parce que vous êtes bon et plein de bon sens. D’ailleurs, même maintenant, ce n’est pas à moi de vous encourager ou décourager d’un ton doctoral. Je serais en désaccord avec moi-même. L’exploitation sur l’échelle où elle se fait chez moi m’oppresse. L’Ufanstvo[2] je ne la vois que quelque part, de loin.

« Les affaires de famille, la maladie de Nicolas, dont nous n’avons pas encore de nouvelle de l’é-

  1. Fet, Mes Souvenirs, 1re partie, p. 328.
  2. Peu de temps après l’émancipation, L.-N. Tolstoï avait un paysan très fort, très travailleur mais très sot, Ufan, dont la façon de travailler lui plaisait tant qu’il appela toute l’agriculture l’Ufanstvo. P.B.