Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 2.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
110
LÉON TOLSTOÏ

Ces lignes montrent que les relations entre eux continuent d’être correctes, mais froidement amicales.

Néanmoins leur entrevue se passa bien. Le 9 octobre, dans sa lettre à Fet, Tourgueniev en parla ainsi :

« Nos dames vous saluent tous. Avec Tolstoï nous avons causé amicalement et nous sommes séparés de même.

« Il semble qu’entre nous tout malentendu soit impossible parce que nous nous comprenons clairement l’un et l’autre, et nous comprenons qu’il nous est impossible de nous lier étroitement. Nous sommes pétris d’argiles différentes. »

Au mois d’août, Léon Nikolaievitch revient à Moscou, où il passe l’automne.

L’année 1860 le trouve dans une crise morale.

« L’ennui de l’exploitation, celui de ma vie isolée, les doutes les plus nombreux et les sentiments pessimistes rongent mon âme. »

Les écoles dont il s’occupe au cours de l’hiver 1859-1860 lui apportent quelque repos moral, quelque adoucissement. Dans ses Confessions, il parle ainsi de cette époque.

« À mon retour de l’étranger, je m’installai à la campagne et m’occupai des écoles pour les paysans. Ce travail m’était particulièrement agréable parce qu’il n’impliquait pas ce mensonge, qui m’était devenu évident et qui déjà me crevait les yeux dans mon activité de pédagogue littéraire. Là aussi, j’a-