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LÉON TOLSTOÏ

sa lettre du 26 décembre il raconte ainsi cet accident :

« Premièrement, je vous félicite ; deuxièmement j’ai peur que mon aventure n’arrive jusqu’à vous avec des altérations, c’est pourquoi je me hâte de vous en instruire moi-même.

« Nous avons été avec Nicolas à la chasse à l’ours ; le 21, j’ai tué un ours ; le 22 nous sommes allés de nouveau et il m’est arrivé une chose des plus extraordinaires. L’ours, sans me voir, s’est jeté sur moi, j’ai tiré sur lui à six pas, je l’ai manqué du premier coup, du deuxième coup à deux pas je l’ai blessé à mort, mais il s’est jeté sur moi, il m’a renversé par terre et pendant qu’on accourait, il m’a mordu deux fois au front, au-dessus et au-dessous de l’œil. Par bonheur cela n’a duré que 10 ou 15 secondes. L’ours s’est enfin enfui et je me suis relevé avec une petite blessure, qui ne me défigure ni ne me fait souffrir. Ni l’os du crâne, ni l’œil ne sont endommagés, de sorte que j’en suis quitte pour une petite cicatrice qui me restera au front. À présent je suis à Moscou et je me porte parfaitement bien. Je vous écris la pure vérité sans rien cacher pour que vous ne vous inquiétiez pas. À présent tout est passé et il n’y a qu’à remercier Dieu qui m’a sauvé d’une manière si extraordinaire[1]. »

Cet épisode a servi à Léon Nikolaievitch de sujet pour son récit le Désir est le pire des esclavages, publié dans son livre de lecture.

  1. Lettre en français dans l’original.