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LÉON TOLSTOÏ

encore ! Même on se lève avec plus de hâte, on dîne plus vite pour commencer. On dira sans-cesse des sottises, mais c’est agréable d’en dire au moins une à un petit oncle comme vous qui ne vit que par ces seules et mêmes bêtises. Envoyez-moi un seul poème de Gaphise, mais le meilleur traduit par vous ; c’est me faire venir l’eau à la bouche, et moi je vous enverrai un échantillon de froment. La chasse m’ennuie mortellement. Le temps est superbe, mais seul je ne chasse pas.

« Ma tante vous remercie beaucoup des souvenirs et ce n’est pas une phrase banale, mais chaque fois que je lui lis votre post-scriptum, elle sourit, branle la tête et dit : « Cependant (pourquoi cependant ?) quel brave homme, ce Fet. » Et moi je sais pourquoi il est si brave parce qu’elle pense qu’il m’aime beaucoup. Eh bien, au revoir. L. Tolstoï[1]. »

En décembre 1858, Léon Nikolaievitch fut victime d’un accident de chasse où il faillit perdre la vie. Voici comment Fet raconte cela :

« Je ne me rappelle plus dans quelles circonstances les frères Tolstoï, Nicolas et Léon, firent connaissance des Gromeka, ce fut probablement à la maison chez nous. Tous les trois se lièrent très vite, car ils étaient tous des chasseurs passionnés.

« Gromeka m’écrivit le 15 décembre 1858 : «Conformément à votre désir, je me hâte de vous

  1. A. Fet. Mes Souvenirs, Première partie, p. 279.