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LÉON TOLSTOÏ

sorte de rapprochement en sortira. Léon veut tout savoir tout d’un coup, sans rien omettre, même la gymnastique, et voilà, chez lui, sous les fenêtres de son cabinet de travail, il fait installer des barres. Sans doute si l’on rejette les préjugés, contre quoi il est si hostile, il a raison : la gymnastique n’empêche pas de s’occuper de l’exploitation, mais le starosta envisage l’affaire un peu autrement. « On vient chez le maître, dit-il, pour recevoir un ordre quelconque, et le maître est accroché par un genou à une barre ; ses cheveux pendent sur son visage congestionné, on ne sait que faire : écouter les ordres ou admirer. »

« Léon a été charmé par la façon dont l’ouvrier Ufan écarte les bras en labourant et voilà que Ufan est pour lui l’emblème de la force campagnarde, une sorte de Mikoula Sélianinovitch, et lui-même en écartant largement les bras prend la charrue et l’imite[1]. »

Au mois de mai de cette même année, Léon Nikolaievitch écrit à Fet, d’Iasnaia Poliana :

« Mon cher petit oncle ! je vous écris deux mots, seulement pour vous dire que je vous embrasse de toutes mes forces, que j’ai reçu votre lettre, que je baise la main de madame Fet, et salue tous les vôtres. Petite tante vous remercie beaucoup pour votre souvenir et vous salue. Quel merveilleux printemps nous avons eu et avons encore. Moi, dans la solitude, j’en ai joui admirablement. Notre frère Nicolas

  1. A. Fet. Mes Souvenirs. Première partie, page 273.