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VIE ET ŒUVRE

noncer : « Nicolas », m’unissant indissolublement, en face de la mort, à celui qu’elle aima toute sa vie.

« C’est à elle, à elle, que j’ai refusé la petite joie que lui faisaient les dattes et les chocolats, moins pour elle que pour m’en régaler, et je lui ai refusé la possibilité de donner un peu d’argent à ceux qui lui en demandaient. Je ne puis me le rappeler sans de pénibles remords de conscience. Chère, chère tante, pardonne-moi !

« Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait, non dans le sens de ce bien que je n’ai pas pris pour moi dans la jeunesse, mais dans le sens de ce bien que je ne fis pas et du mal que je fis à ceux qui ne sont plus[1]. »

Léon Nikolaievitch passa presque tout l’été 1858 à Iasnaia Poliana, il n’alla que pour peu de temps à Moscou, — la vie du peuple l’intéressait de plus en plus et il essayait de se rapprocher de lui.

Fet, dans ses Souvenirs, donne un récit du frère de Léon Nikolaievitch qui se rapporte à cette époque et qui conserve toute la fine humour propre à Nicolas Nikolaievitch.

« À nos questions sur Léon Nikolaievitch, le comte, avec un plaisir évident, nous parla ainsi de son frère aimé ; Léon cherche avec un grand zèle à se rapprocher des paysans et à s’occuper de l’exploitation, ce que, comme nous tous, il ne connaît que superficiellement. Mais je ne sais pas quelle

  1. Notes mises à ma disposition, en brouillon, et non corrigées. P.-B.