patience, tantôt elles remarquent leurs pressentiments, tantôt elles plaisantent à propos d’une chose quelconque, et les deux vieilles rient, surtout ma tante, dont j’entends jusqu’à présent le rire enfantin et charmant. Je raconte que la femme d’une personne de ma connaissance trahit son mari et dis que le mari est probablement content d’être débarrassé d’elle. Tout à coup, tante, qui vient de faire remarquer à Natalie Pétrovna que beaucoup de cire a coulé de la bougie, ce qui signifie des visites, lève les sourcils et dit, comme une chose depuis longtemps résolue dans son esprit, que le mari ne doit pas agir ainsi, sans quoi il perdra tout à fait sa femme. Ensuite elle me raconte le drame arrivé parmi les domestiques et que lui a narré Dounitchka. Puis elle relit la lettre de ma sœur Marie qu’elle aime au moins autant que moi sinon plus et elle parle de son mari, son propre neveu, sans le blâmer, mais avec tristesse, à cause de la douleur qu’il a causée à Marie. Ensuite je me remets à lire, et elle range ses petits bibelots, tous des souvenirs.
« La qualité principale de sa vie, qui se communiquait involontairement à moi, c’était sa bonté extraordinaire, s’étendant à tous sans exception. J’ai beau m’y efforcer je ne puis me rappeler un seul cas d’emportement de sa part, un seul mot blessant dit en faisant une observation à quelqu’un ; pendant une période de trente années je ne trouve rien de pareil. Elle parlait toujours avec bienveil-