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LÉON TOLSTOÏ

En février, Tolstoï retourne à Iasnaia Poliana. Puis il repart pour Moscou et au mois de mars il va passer deux semaines à Pétersbourg. Au mois d’avril il vient à Iasnaia Poliana, où il séjourne tout l’été. Tout ce temps, Léon Nikolaievitch s’adonne passionnément à la musique, il fonde même une société musicale, à Moscou, avec l’aide de Botkine, de Perfiliev, de Mortier et de quelques autres.

Mme Kiréievski donna sa salle pour les concerts organisés par cette société qui plus tard devint le conservatoire de Moscou. Cette même année, à Moscou, Léon Nikolaievitch se liait très intimement avec la famille du vieux S.-T. Aksakov.

Le printemps agissait sur Léon Nikolaievitch et redoublait son énergie. Dans une lettre de cette époque (1858) à sa tante A. Tolstoï il exprime parfaitement ce qu’il ressent alors :

« Grand’mère[1] ! Le printemps !… C’est admirable. La vie pour les braves gens, même pour de tels que moi, a encore de bons moments ! Dans la nature, dans l’air, dans tout — l’espoir, l’avenir et l’avenir charmant ! Parfois on se trompe, on pense que l’avenir et le bonheur attendent non seulement la nature, mais soi aussi.

«Et c’est beau ! Moi je suis maintenant en cet état. Avec l’égoïsme qui m’est propre, je me hâte de vous écrire de ce qui n’intéresse que moi ! Je sais très bien quand je réfléchis beaucoup que je suis

  1. Léon Nikolaievitch, en plaisantant, appelait toujours sa tante la comtesse A.-A. Tolstoï, grand’mère.