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VIE ET ŒUVRE

maillot, il tâchait de sauter par-dessus le cheval sans toucher le cône de cuir placé sur lui. Il n’est pas étonnant que la nature énergique, remuante, de Léon Nikolaïevitch, qui avait vingt-neuf ans, exigeât ce mouvement fortifiant, mais il était étrange de voir à côté des jeunes gens des vieillards bedonnants au crâne nu[1]. »

Au courant de janvier 1858, une amie d’enfance de Léon Nikolaïevitch, la comtesse Alexandra Andréievna Tolstoï, passa à Moscou. Léon Nikolaievitch l’accompagna jusqu’à Kline, station du chemin de fer Nicolas, d’où il se rendit chez la princesse Volkonski, dont nous avons parlé dans les pages consacrées aux ancêtres maternels de L.-N. Tolstoï. Cette princesse Volkonski, cousine germaine de la mère de Léon Nikolaievitch, avait vécu assez longtemps avec elle à Iasnaia Poliana et pouvait lui raconter beaucoup de choses intéressantes sur son père et sa mère. Léon Nikolaievitch conserva un souvenir très agréable de cette visite et ce fut chez elle qu’il écrivit le récit : Trois morts.

On voit que le problème de la mort commençait à troubler sérieusement Tolstoï, et comme toujours il trouvait sa solution dans l’harmonie de la raison avec la nature. L’écart de cette harmonie, c’est la souffrance inexprimable, l’accord avec elle c’est la béatitude éternelle, et l’ « aiguillon » de la mort disparaît.

  1. Fet. Mes Souvenirs, Première partie.