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VIE ET ŒUVRE

tachée de blanc, la chienne favorite de mon père, avec ses beaux yeux noirs. Nous venons dire bonsoir et souvent nous restons là. Nous disons bonsoir en embrassant d’abord grand-mère, puis les tantes. Je me rappelle qu’une fois, au milieu de la patience et de la lecture, mon père arrêta la tante qui lisait, lui montra la glace et chuchota quelque chose. Nous tous regardâmes la glace. C’était le maître d’hôtel Tikhone qui, sachant mon père au salon, allait dans son cabinet pour voler son tabac dans sa grande blague de cuir. Mon père le voyait dans la glace, observait sa démarche prudente sur la pointe des pieds. Les tantes rirent, grand-mère pendant un bon moment ne comprit pas, et quand elle sut, elle sourit joyeusement. J’admirai la bonté de mon père, et, en lui disant bonsoir, je baisai sa main blanche, veinée, avec une tendresse particulière. J’aimais beaucoup mon père mais je ne compris qu’après sa mort combien cet amour était fort en moi[1]. »

À ces renseignements précieux sur ses parents, communiqués par L.-N. Tolstoï lui-même, nous ajouterons seulement quelques faits extérieurs et quelques renseignements historiques que nous avons pu réunir.

Le comte Nicolas Ilitch Tolstoï, père de Léon Nikolaievitch, était né en 1797. Dans le dossier de l’admission de Tolstoï à l’université de Kazan,

  1. Des notes mises à ma disposition, en brouillon, et non corrigées. P. B.