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LÉON TOLSTOÏ

tre très sévère, mais je n’ai jamais entendu de récits de châtiments, de cruautés, si habituels alors. Je ne crois pas qu’il n’y eut rien à en dire, mais le respect enthousiaste qu’inspiraient son grand air, son esprit, était si grand chez ses serviteurs et ses paysans que j’eus beau questionner, je n’obtins aucune parole de blâme à l’égard de mon grand-père et n’entendis que des louanges de lui pour son esprit, sa sollicitude pour les paysans, et surtout pour son immense domesticité, tandis que j’ai entendu parfois des blâmes à l’adresse de mon père. Il avait fait construire de très beaux bâtiments pour les domestiques, et tenait à ce qu’ils fussent non seulement rassasiés, mais bien vêtus et gais. Pour les fêtes il organisait pour eux des jeux, des escarpolettes, des rondes, etc.

« Il se souciait encore davantage, comme chaque propriétaire intelligent d’alors, du bien-être des paysans, qui étaient d’autant plus heureux que la haute situation de mon grand-père, inspirant le respect des policiers, les débarrassait des oppressions administratives.

« Il devait avoir le sentiment du beau très développé. Tout ce qu’il a fait construire est non seulement solide et confortable, mais excessivement élégant ; tel est le parc qu’il fit planter devant la maison. Probablement qu’il aimait aussi la musique parce qu’il organisa, exclusivement pour lui et pour ma mère, un orchestre petit, mais excellent. J’ai trouvé ici même un gros orme de trois bras-