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VIE ET ŒUVRE

restes reposent dans le célèbre couvent de Saint-Serge[1] ».

Voici ce que dans ses souvenirs, Léon Nikolaievitch raconte de son grand-père maternel :

« De mon grand-père, je sais qu’après avoir atteint sous le règne de Catherine ii, le grade élevé de général en chef, il perdit d’un coup sa situation à la suite de son refus d’épouser Varenka Engelgarth, la nièce et maîtresse de Potemkine. À la proposition de Potemkine, il répondit : « À quoi me juge-t-il capable d’épouser sa garce ? » Cette réponse, non seulement entrava sa carrière, mais lui valut son renvoi dans la province d’Arkhangels[2], où il fut nommé gouverneur et il y resta, paraît-il, jusqu’à l’avènement de Paul ier. Alors il prit sa retraite et, après avoir épousé la princesse Catherine Dmitrievna Troubetzkoï, il s’installa dans le domaine de Iasnaia Poliana, qu’il avait hérité de son père, Serge Féodorovitch.

« La princesse Catherine Dmitrievna mourut bientôt, laissant à mon grand-père une fille unique, Marie. C’est avec cette fille qu’il aimait tendrement et sa demoiselle de compagnie, une Française, que mon grand-père vécut jusqu’à sa mort, en 1821.

« Mon grand-père avait la réputation d’un maî-

  1. Généalogie des princes Volkonskï, page 707.
  2. Un document très intéressant, conservé au Musée historique de Moscou, témoigne du séjour du prince Nicolas Serguéievitch à Arkhangels : c’est l’ordre de prendre des mesures contre l’attaque attendue des Français à Arkhangels, en 1799. Il est évident que le prince Volkonskï lui-même avait fait un rapport secret sur cette attaque. L’ordre est signé personnellement de l’empereur Paul ier.