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LÉON TOLSTOÏ

ce qui était alors la coutume admise partout, et il se fâchait quand on lui en proposait. Mais on m’a raconté aussi que ma grand-mère, à l’insu de son mari, acceptait volontiers des « cadeaux ».

« À Kazan, ma grand-mère maria sa fille cadette, Pélagie, à Uchkov ; l’aînée, Alexandra, quand ils habitaient encore Pétersbourg, avait épousé le comte Osten-Saken.

« Après la mort de son mari, à Kazan, et le mariage de mon père, ma grand-mère s’installa avec mon père à Iasnaïa Poliana ; c’est là que je l’ai connue, déjà une toute vieille femme que je me rappelle très bien.

« Grand-mère aimait passionnément mon père et nous, ses petits-enfants. Elle s’amusait avec nous. Elle aimait ma tante, mais il me semble qu’elle n’aimait pas beaucoup ma mère, ne la jugeant pas digne de mon père et se montrant jalouse de son affection pour elle. Avec les domestiques elle ne pouvait pas être exigeante, parce que tous la regardaient comme la personne principale dans la maison et s’efforçaient de lui plaire, mais avec sa femme de chambre Gacha elle se livrait à ses caprices et la tourmentait en lui disant : « Vous, ma chère, » et exigeant d’elle ce qu’elle ne lui avait point commandé. Et, chose étrange, Gacha — Agafie Mikhailovna[1] que j’ai bien connue, avait pris les façons capricieu-

  1. La vieille Agafia Mikhailovna est morte, il y a quelques années, à Iasnaia Poliana, où depuis plusieurs années, elle coulait ses jours en repos.