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LÉON TOLSTOÏ

« Mon cher amiral
« Je t’envoie au diable ! (bis)
« J’en nomme un autre,
« Le prince Gortchakov
« Qui alla chez les Turcs. (bis)
« Il ne lui faut pas beaucoup de troupes
« Et il aura pour récompense
« Un pantalon rouge ! (bis)

Ces chansons furent rapidement attrapées par les soldats. Si l’on songe dans quelles circonstances elles furent composées, si l’on se rappelle les horreurs de la mort, les gémissements des blessés, le sang, l’incendie, les meurtres, qui emplissaient l’amosphère de Sébastopol, malgré soi on reste étonné de cette force d’esprit qui laissait place à la plaisanterie en dépit des dangers incessants, des souffrances et de la mort.

Cependant, dans le cercle des littérateurs de Saint-Pétersbourg, Tolstoï acquérait une célébrité chaque jour croissante. Un des premiers qu’il conquit fut Tourgueniev. Le lecteur se rappelle par le récit de Mme Golovatchov-Panaiev, cité dans le chapitre précédent, comment Tourgueniev raillait Panaiev pour son enthousiasme. En 1854, de Spasskoié il écrit entre autres à E. Kolbasine, un des rédacteurs du Sovremennik : « Je suis très content du succès de l’Adolescence. Que Dieu donne seulement longue vie à Tolstoï et je crois qu’il nous étonnera tous. C’est un talent de premier ordre. J’ai fait ici la connaissance de sa sœur (elle est aussi mariée à un comte Tolstoï) ; c’est une femme charmante et très sympathique… »