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LÉON TOLSTOÏ

la mort menace sans cesse, par cette vérité avec laquelle sont saisis les types des officiers de l’infanterie, leur animosité contre les aristocrates de l’armée et leurs rapports mutuels entre eux. En un mot tout est admirable, tout est peint de main de maître, mais jusqu’à tel point plein d’amertume, tout est décrit si impitoyablement, si tristement, qu’en ce moment où le lieu du récit est presque un lieu sacré, c’est pénible pour ceux qui sont loin, et votre récit pourrait même produire une impression désagréable.

« La Coupe en forêt, avec la dédicace à Tourgueniev, paraîtra aussi en septembre. (Tourgueniev nous a demandé de vous remercier beaucoup pour votre souvenir et votre attention)… Dans ce récit qui a passé également par trois censures : celle du Caucase (le censeur, sous-secrétaire Boutkov), la censure militaire (le général Steffen), et la censure civile, le nôtre (Pouschkine), on a aussi estompé quelques types d’officiers et, malheureusement, supprimé quelques passages. »

En automne de cette même année, Nekrassov écrit à Tolstoï :


« Cher Monsieur Léon Nikolaievitch,

« Je suis arrivé à Pétersbourg au milieu d’août, dans les circonstances les plus tristes pour le Sovremennik. Les manipulations révoltantes qu’a subies votre article ont fini de me gâter le sang. Jusqu’ici je n’y puis penser sans ennui et sans colère. Sans