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VIE ET ŒUVRE

connaissez, de Kazan. Si vous connaissez Pouschkine vous pouvez vous imaginer ce qui s’en suivit. Il devint furieux contre les censeurs et contre moi, d’avoir présenté à la censure de pareils articles et il le modifia personnellement. Sur ces entrefaites je rentre à Pétersbourg, et en voyant les transformations, j’ai été terrifié et j’ai voulu ne pas publier du tout l’article. Mais Pouschkine, dans une explication avec moi, m’a dit que j’étais obligé de le publier sous cette forme. Il n’y avait rien à faire et votre article défiguré paraîtra dans le numéro de septembre, mais sans la signature L.-N. T., que je ne pouvais plus voir après cela au bas de cet article. Mais l’article était si bien que, malgré sa complète déformation par la censure, je l’ai donné à lire à Milutine, à Krasnokoutzkï et aux autres, il plaît beaucoup à tous. Milutine m’a écrit que ce serait un péché de priver le public de cet article et de ne le pas publier même sous cette forme. En tout cas ne m’en veuillez pas si votre article paraît sous tel aspect. J’y ai été forcé. Si Dieu permet que nous nous voyions (ce que je désire vivement), je vous expliquerai cette histoire plus amplement. Maintenant deux mots de l’impression qu’a produite votre récit (Une nuit), sous sa forme primitive, sur nous et tous ceux à qui je l’ai lu… Il n’y a pas parler ici de la censure. Tous trouvent ce récit beaucoup plus fort que le premier par l’analyse délicate et profonde des mouvements intérieurs et des sensations chez ces hommes que