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LÉON TOLSTOÏ

les masures. Il fait très froid. Pas un seul livre, pas un seul homme à qui causer. Et c’est ici que je reçus quinze cents roubles pour éditer la revue qui était déjà interdite, et c’est ici que j’ai perdu 2500 roubles et prouvé par cela, à tout le monde, que je suis vraiment un garçon de rien. Bien que les circonstances précédentes puissent être tenues pour atténuantes, c’est toujours abominable. Au mois de mars le temps est devenu plus chaud, et il est arrivé à la batterie, Brenevskï, un charmant et excellent garçon. J’ai commencé à me reprendre et le 1er avril, la batterie, pendant le bombardement, est allée à Sébastopol même, et je me suis ressaisi tout à fait. Là, jusqu’au 15 mai, bien que sérieusement en danger, c’est-à-dire quatre jours sur huit de service à la batterie du 4e bastion, mais le temps et le printemps sont admirables. Il y a une foule d’impressions et une foule de connaissances ; toutes les commodités de la vie et même un cercle agréable d’hommes distingués, de sorte que ce mois et demi restera parmi mes souvenirs les plus agréables. Le 15 mai, à Gortchakov, ou au chef de l’artillerie est venue l’idée de me confier la formation et le commandement d’une division de batterie de montagne à Belbek, à l0 verstes de Sébastopol : ce qui jusqu’à ce jour me fait grand plaisir sous beaucoup de rapports[1].

  1. Cette mission que reçut Tolstoï était due aux soins de l’empereur Alexandre ii, qui, ayant lu, en épreuves, son premier récit de Sébastopol (Sébastopol en décembre 1854), en fut si impressionné