« Quand cesserai-je enfin
« De couler des jours tristes et sans passion,
« Et de sentir dans mon cœur la blessure profonde,
« Sans jamais savoir comment la guérir ?
« D’où vient cette blessure, Dieu seul le sait.
« Mais depuis ma naissance me tourmentent
« Cette preuve du néant futur,
« La tristesse accablante et le doute. »
Le 23 novembre, il va à Simféropol.
Le 6 janvier 1855, il écrit à sa tante T. A. la lettre rassurante suivante :
« Je n’ai pas pris part aux deux sanglantes batailles qui ont eu lieu en Crimée, mais j’ai été à Sébastopol tout de suite après celle du 24 et j’y ai passé un mois. On ne se bat plus en rase campagne à cause de l’hiver qui est extraordinairement rigoureux, surtout à présent, mais le siège dure toujours. Quelle sera l’issue de cette campagne, Dieu seul le sait ; mais dans tous les cas la campagne de Crimée, de manière ou d’autre, doit finir dans trois ou quatre mois. Mais, hélas ! la fin de la campagne de Crimée ne veut pas dire la fin de la guerre, il paraît au contraire qu’elle durera bien longtemps. J’avais parlé dans mes lettres à Serge et à Valérien, je crois, d’une occupation que j’avais en vue et qui me souriait beaucoup ; à présent que la chose est décidée, je puis le dire, j’avais l’idée de fonder un journal militaire. Ce projet auquel j’ai travaillé avec le concours de beaucoup de gens très distingués fut