et tout cela me semblait encore plus beau qu’auparavant. »
La campagne malheureuse du Danube, la retraite de l’armée, la vie ennuyeuse à l’état-major, tout cela ne satisfaisait point Léon Nikolaievitch. Il cherchait une activité plus grande, des sensations plus fortes, et il résolut de passer dans l’armée de Crimée.
Le 20 juillet, après la retraite de Silistrie, il part en Crimée. Il traverse les villes Tekoutchi, Berladd, Iassé, Kherson, Odessa, Sébastopol, où il arrive le 7 novembre 1854. En route, il était tombé malade et avait dû rester à l’hôpital, c’est ce qui explique la longue durée de son voyage. Aussitôt à Sébastopol il est attaché à la troisième batterie légère de la 14e brigade d’artillerie.
Là, tant d’impressions nouvelles l’assaillent qu’il ne peut se ressaisir de suite ; enfin, deux semaines après, le 20 novembre, il écrit à son frère, Serge :
« Cher ami Serge ! Dieu sait combien je suis coupable envers vous tous depuis mon départ, et je ne sais pas moi-même pourquoi tout cela est arrivé : tantôt la vie distraite, tantôt une situation ennuyeuse, tantôt la guerre, tantôt un empêchement quelconque, etc., etc. Mais la cause principale, c’est la vie distraite, riche en impressions. J’ai tant appris, tant senti, et tant éprouvé durant cette année que je ne sais absolument pas par quoi en commencer la description ni si je serai capable d’écrire ce que je voudrais. J’ai écrit à notre tante sur