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LÉON TOLSTOÏ

venaient de ces pauvres gens, il causait avec chacun d’eux, tâchait de leur expliquer l’impossibilité de la chose, leur proposant de passer sans leurs chariots et leur bétail et en se chargeant de leurs moyens de subsistance jusqu’à ce qu’ils arrivassent en Russie, payant de sa propre bourse des vaisseaux particuliers pour les transporter, en un mot faisant tout son possible pour faire du bien à ces gens.

« Oui, chère tante, je voudrais bien que votre prophétie se réalise, la chose que j’ambitionne le plus, c’est être l’aide de camp d’un homme comme lui, que j’aime et que j’estime du plus profond de mon cœur. Adieu, chère et bonne tante, je baise vos mains[1]. »

Au milieu de toutes ces impressions fortes et nouvelles, Tolstoï inscrit dans son journal les notes suivantes dans lesquelles se manifeste son travail intérieur.

« 7 juillet, je manque de modestie. Voilà mon grand défaut ! Que suis-je ? Un des quatre fils d’un lieutenant-colonel en retraite, resté orphelin à sept ans sous la tutelle de femmes et d’étrangers, qui a reçu une éducation ni mondaine ni scientifique et s’est trouvé absolument libre à dix-sept ans, sans grande fortune, sans aucune position sociale et, particulièrement, sans principes, un homme qui a dérangé ses affaires jusqu’à l’extrême, qui a passé

  1. Lettre en français dans l’original.